Diaspora africaine et développement : témoignages, propositions et perspectives

Conférence présentée à Saint-Germain en Laye (78, France)  le 4 décembre 2010.

Le développement n’est pas qu’une affaire d’Etat, beaucoup de communautés et de pays se sont illustrés dans ce cas. Au Congo Brazzaville, il est courant que les affaires familiales et sociétales soient gérées au sein de la famille et au sein du quartier (assainissement, deuil, etc.). Les initiatives individuelles ne manquent pas et force est de constater lors de nos séjours de décembre 2009 et de septembre 2010 que les congolais ont décidé de prendre leur part dans le développement du pays et d’interpeller les pouvoirs publics. Le domaine de l’éducation et de l’enseignement est celui où la population commence à s’organiser pour pallier aux insuffisances de l’école publique. La population s’organise également pour le traitement des déchets ménagers. La proportion actuelle est quand même d’agir, cependant, elle demande une organisation pour pouvoir « développer notre pays à la manière des termites ».

Le rôle des congolais de la diaspora est très important, en effet, il est indispensable lors de séjour d’identifier des domaines, des centres d’intérêt dans lesquels chacun pourrait apporter sa contribution.

Mots clés : TIC, Afrique, diaspora, identité, lien social, développement

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A notre sens, le rôle de la diaspora peut être de trois ordres :

I) Mettre en place de partenariats

En France, au Canada et ailleurs, de nombreux chercheurs d’origine Africaine se mettent actuellement en réseau pour mener des travaux en collaboration avec leurs collègues restés au pays. Mukanda (www.mukanda.org) est un réseau créé par des chercheurs de l’université de Metz, une communauté de chercheurs, toute discipline confondue, qui travaillent sur l’Afrique centrale.

C’est ainsi que nous avons participé avec des collègues universitaires de l’université Marien Ngouabi à une réflexion sur les usages de la téléphonie mobile, ce qui a donné lieu à la publication d’un ouvrage collectif. Il s’agissait de faire une analyse critique des dispositifs et pratiques professionnels au Congo. L’approche retenue était une approche disciplinaire associant aussi bien des réflexions théoriques que des analyses d’expériences de terrain. Les auteurs qui s’étaient associés à la rédaction de l’ouvrage étaient issus du domaine des sciences de l’information et de la communication, de l’économie, de la sociologie, de la linguistique, de la psychologie clinique, de la littérature. Les auteurs sont en majorité des congolais de France et du Congo Claire Mainguy, Théophile Dza-Kikouta, Célestin Mayoukou, Josué Ndamba, Simplice Moukouta, Jean-Paul Lafrance, Philémon Kissangou, Sylvie Niombo, Omer Massoumou, Ludovic Robert Miyouna, Léon Mbemba, Gaston-Jonas Kouvibidila (Communication et développement, analyse critique des dispositifs et pratiques professionnelles au Congo, Coordonné par Alain KIYINDOU, Editions Modulaires Européennes, collection échanges, Bruxelles, 2008, 304 pages).

II) Apporter son expertise

La diaspora africaine possède des compétences financières, techniques et intellectuelles. S’ils ont des compétences professionnelles et une expérience, les africains les mettront généralement au service de ces organisations. Par exemple, la communauté Afrique Tandem (http : //www.afriquetandem.com) organise en France, des collectes de livres et manuels scolaires au profit  des établissements scolaires de Bamako et de Mopti au Mali.

Nous avons participé également à une réflexion sur l’avenir des jeunes étudiants congolais, sur la réforme de l’enseignement supérieur, c’est une manière de s’intéresser à ce que font nos compatriotes et collègues sur place et voir de quelle manière des partenariats, des réflexions, des études peuvent se mettre en place

III) Soutenir des projets

Le Mali est souvent cité en exemple, sa diaspora est en relation constante avec le pays. Des mutuelles existent pour financer les projets, l’Etat malien et les maliens sur place en profitent. Les échanges physiques et électroniques sont courants réguliers entre les personnes de la Diaspora et le pays d’origine. La consultation des sites Internet dédiés à la diaspora  ne servent pas uniquement à s’informer sur l’actualité du pays et à débattre sur des questions politiques mais aussi à s’informer sur des projets en cours et voir de quelle manière on peut apporter  soutenir les projets. On trouve de plus en plus sur Internet et dans des journaux comme Jeune Afrique des informations sur les investissements en Afrique c’est-à-dire les différentes expériences menées, il y a également des pistes  pour l’aide à la réalisation des projets,  et les témoignages sont très importants ici.

Nombreuses sont les projets qui n’aboutissent pas parce que les personnes de la diaspora n’ont pas de contact ou de personne relais sur place mais nombreux sont également les projets qui n’aboutissent pas au pays par manque de soutien. Il ne s’agit pas de se substituer à l’Etat et aux familles mais de fournir à nos jeunes compatriotes du matériel que nous pouvons avoir en France à un prix raisonnable (fournitures scolaires, matériels pédagogiques, livres, dictionnaires, etc.). Chacun peut donc profiter de son séjour en famille pour s’informer sur ce qui se passe dans son quartier et voir dans quelle manière il peut apporter sa contribution. Les projets ne manquent pas. L’idéal est de disposer pour chaque communauté d’outils technologiques ou supports papiers qui permettent d’informer les autres membres des actions accomplies et pour échanger et surtout de mutualiser.

Conclusion

Cette réflexion nous a permis de nous rendre compte du rôle important que joue la diaspora. Sollicitée jusque là financièrement sur des situations d’urgence liées à la famille (hospitalisation, décès, soutien aux plus jeunes comme aux plus âgés, etc.), son rôle s’est élargi depuis à des questions liées au développement, à l’aide à construction d’une prise de conscience politique et à la nécessité de faire des actions concrètes basées sur les besoins du terrain. Ces personnes de la diaspora ont l’opportunité depuis leur pays de résidence d’accéder à des formations, à des informations et des outils pédagogiques qui constituent autant de richesses qui peuvent aider à tirer certains vers le haut et à soutenir d’autres qui ont déjà fait ce pas,  ainsi ils pourront « construire leur pays à la manière des termites ».

3 réflexions sur “Diaspora africaine et développement : témoignages, propositions et perspectives

  1. Je fais choix ardu de vivre en France. Il s’avère qu’en tout état de cause je suis un congolais de l’étranger au risque de déplaire. La diaspora par définition est une dispersion d’une communauté, d’une ethnie à travers le monde. J’ai une famille ici, je côtoie une communauté congolaise importante en France…C’est pourquoi, je ne vais pas laisser au politicien profite de cette terminologie en faisant perdre le sens étymologique du mot diaspora pour nous exclure de la communauté nationale, comme ça on ne peut plus prendre part aux élections dans le pays par exemple. La contribution de la légendaire diaspora dans le développement du pays n’est que de l’ordre symbolique, et L’État congolais a des moyens suffisants (de quoi) pour le développement économique et social de notre pays…

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