C’est le discours à la mode en ce moment, la diaspora, les congolais de la diaspora, les médecins congolais de la diaspora, le président a rencontré la diaspora… des chiffres sont cités sur les envois d’argent dans les pays d’origine, des programmes sont mis en place, il y a également des appels à mobilisation lancés par les autorités et les organismes internationaux… Au Congo, c’est le président de la République qui a lancé un appel à la mobilisation relayé par ses ministres Thierry Moungalla, Claudine Munari, le président de la chambre de commerce de Pointe Noire, Didier Mavouenzéla, par l’ambassadeur de France au Congo, Henri Lopes. Des structures sont mise en place, souvent dans le cadre associatif, Synergie Développement en Afrique, Réseau International des Congolais de l’Extérieur (RICE) et aussi l’association Diaspora Congo Brazzaville (DCB)… A Paris, des rencontres permettent aux Congolais de se retrouver et de débattre de thèmes.
Pour ma part, je parlerai plus du congolais de l’extérieur que je suis … Samedi 1er mars, je débarque au Congo, en mission de service dans le cadre d’un projet de partenariat avec l’Université de Versailles. Je passe le premier week-end chez ma mère qui réside à Brazzaville… Ouénzé, la surprise est de taille, il n’y a pas d’eau courante ni d’électricité dans le quartier… la situation des gens du quartier n’a pas changé, problèmes d’eau, d’électricité, rues impraticables pendant les pluies, problème de canalisation, Ecoles en mauvais état, chômage, pas de structures de santé… Les habitants vivent au rythme des activités de l’Eglise (messes, chemin de la croix, prières, etc.) qui est la seule entité à les prendre en charge.
Je me retrouve dès le premier jour de travail à gérer et les difficultés familiales et mon projet de partenariat avec l’Institut des Hautes Etudes en Management de Brazzaville. Oui, on va me dire il n’y a rien de mal à aider sa mère dans ses difficultés quotidiennes, sauf que pour mon cas et celui des autres congolais, ce quotidien dure depuis des années.
Je fais partie des congolais qui ont été obligés de partir, parce que les conditions de vie, de santé, d’études n’étaient pas satisfaisantes… Nous avons dû à l’étranger nous prendre en charge, souvent sans bourse, sans soutien familial, travailler, faire des études… dans une certaine débrouillardise… Dans nos pays d’accueil, pas de réelle politique d’accueil et d’accompagnement… Abandonnés là-bas et ici, on résiste… L’instabilité politique fait que nous ne pouvons même pas compter sur le soutien moral des nôtres au pays… pour réussir dans le même temps, nous devons aider les nôtres restés au pays… Au Congo, le chômage est endémique et les pensions de retraite et de veuvage ne sont pas régulières, d’ailleurs les retraités sont souvent qualifiés de « maltraités ».. La bourse (elle ne se donne pas à tous) est toujours irrégulière…
Il nous faut donc en vivant à l’étranger nous substituer à l’Etat dans un pays où il n’y a pas de protection sociale, pas de d’indemnisation des chômeurs, pas de prose en charge des filles mères, des parents isolés, des orphelins… bref pas de politique sociale réelle et efficace… Il a fallu déployer des efforts inconsidérables pour réussir… On finit par y arriver, peu de moyens et beaucoup de volonté…
Comme si cela ne suffisait pas, les plus courageux d’entre nous décident d’aller travailler sur place, acceptent de mauvaises conditions de travail et de vie… pour être utile tout simplement, pour contribuer sur place à l’amélioration des conditions de vie des habitants…
Des axes d’amélioration
J’ai lancé depuis 2010 un projet scientifique et pédagogique qui me permet d’aller régulièrement au Congo faire de la formation et de la vulgarisation dans le domaine des TIC…
Je fais partie des congolais dits de l’extérieur qui ont choisi d’aller s’investir d’un point de vue professionnel dans leur pays d’origine… En effet, tous les congolais de l’extérieur de peuvent pas investir au pays au delà de l’aide alimentaire qu’ils apportent à leur famille… certains sont encore étudiants, d’autres en situation d’échecs scolaire, en situation de précarité et une autre catégorie celle qui a un emploi stable et une situation confortable dans le pays d’accueil… Mais chacun peut contribuer à sa manière. Pour ceux qui le font, les motivations sont les mêmes : être utiles, contribuer au développement socio-économique du pays, toucher la réalité du doigt et ne pas se contenter de critiquer de loin…
Aujourd’hui, un poste a été créé, un département des congolais de l’Extérieur au sein de la Présidence du Congo, avec à sa tête Madame Edith Itoua. La tâche est grande, car au delà des discours, il faut donner envie au congolais dit de l’extérieur de s’investir chez lui au delà même de l’aide alimentaire qu’il apporter à sa famille, pour montrer que le Congo a à gagner à s’appuyer dans une stratégie collective et sur des compétences, des uns et des autres avec l’appui des pouvoirs publics et de la société civile pour régler les problème d’eau, d’électricité, d’éducation, de santé…
Pour cela, il faut mettre sur une plateforme la liste des secteurs dans lesquelles les investissements sont indispensables avec une procédure claire pour le congolais qui souhaite y répondre ainsi que des financements et un accompagnement indispensable pout tout porteur de projet.
Il faut dans un premier que le Congo poursuive des efforts pour améliorer les conditions de vie des populations (paiement de la bourse, des pensions, amélioration des conditions de vie, d’études et de santé des habitants, etc.) pour qu’ils bénéficient enfin de la croissance, de créer au sein des ambassades des structures d’accompagnement des congolais de l’étranger porteurs de projets, créer u environnement juridique susceptible de mettre les gens en confiance, de mettre en place des accords avec les pays d’accueil de ces congolais (formalités administratives, etc.) et enfin des structures pour l’accompagnement des congolais qui porteurs de projet qui peuvent améliorer les conditions de vie des populations.
Des actions doivent être mise en place en vue de créer un environnement juridique susceptible de mettre les gens en confiance, il faut également un office des congolais de l’étranger qui aide dans les formalités administratives (compte ouverture, allégement droits de douane, etc.) A côté des dispositifs d’accompagnement des porteurs des projets au sein des ambassades, il faut sur place au Congo, des dispositifs d’insertion pour les congolais qui décident de rentrer apporter leur pierre à l’édifice pour les soutenir dans leur réinstallation.
Il est nécessaire de mener une politique de motivation ou d’incitation pour que les congolais se sentent véritablement valorisés et respectés, au sein de leur domaine de compétence et leur permettre par un accompagnement de qualité, des structures permettant d’investir et de s’investir au Congo. Il faut donner envie à l’ensemble des congolais pour que chacun puisse contribuer à la construction du pays
Dr Milie Théodora MIERE
Maître de Conférences à l’Université de Versailles…theodora.miere@uvsq.fr
Source : Le Magazine de l’Afrique, mai-juin 2013