Source : http://www.lasemaineafricaine.net/images/pdf/3310.pdf, p. 15
Depuis quatre ans, le Président de la chambre de commerce de Pointe Noire Didier Mavouenzela organise avec son équipe le forum « Green Business » à Pointe Noire, Congo ! L’économie verte recouvre des produits et services qui apportent un peu plus à l’environnement : eau, assainissement, valorisation des déchets, efficacité énergétique, énergies marines, l’écomobilité, l’ingénierie et architecture vertes ou la gestion des ressources naturelles
Alors au Congo, des voix s’élèvent : sommes-nous concernés ? Ne s’agit-il pas une fois de plus de reprendre des concepts proposés par des occidentaux ? N’avons-nous pas d’autres priorités ? ne s’agit-il pas d’un énième forum pour dépenser des deniers publics ? alors que la population manque d’eau, d’électricité, de routes et de moyens de transports de qualité, d’un cadre de vie digne de ce nom, de santé, d’éducation, d’emploi ? Je me suis posée la question, baignée depuis dix ans dans une université (Versailles, France) qui a mis au cœur de ses formations et ses axes de recherche le développement responsable, les technologies de pointe et la protection de l’environnement. La France est devenue la 5ème puissance mondiale de l’économie verte et du développement durable grâce au dynamisme des entreprises du secteur qui innovent dans le but de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement : qualité de l’air, traitement des déchets, traitement de l’Eau, etc., ainsi qu’à la demande des consommateurs et aux politiques pro-environnement (600 millions annuels d’aide publique, source Le Parisien, 11 février 2013).
Je suis invitée une première fois en 2011 et une deuxième fois en 2013 au forum Economie verte à Pointe-Noire pour débattre de ces thématiques. A cette occasion, j’avais organisé, en partenariat avec l’université de Versailles (France) et l’Ecole Supérieure de Technologie du Littoral (Pointe-Noire, Congo) un séminaire de trois jours sur l’environnement et le développement durable au Congo. Avec des collègues français et congolais, étudiants et citoyens, nous avons pris le temps d’échanger sur le sujet. J’ai noté qu’il y a des attentes de la part de nos concitoyens habitués souvent aux bars, VIP, Eglise, etc. qui constituent désormais leur quotidien. Aujourd’hui, ils veulent débattre des problèmes qui les concernent : l’eau, l’électricité, le ramassage des ordures ménagères, etc.
Le Congo est plus que concerné par l’économie verte. Un pays progresse lorsqu’il prend le temps dans le cadre d’un atelier, d’un forum, d’un colloque, etc. de réfléchir aux problèmes qui se posent à lui et d’en rechercher des solutions. Prenons le temps d’observer et d’analyser le cadre de vie du congolais moyen : une ville bruyante, sale, pas d’eau courante et quand elle sort du robinet, elle est de mauvaise qualité et c’est cette eau que tout congolais consomme au quotidien. Or l’eau, c’est la vie. Au Congo, le traitement et la distribution d’eau ainsi que la fourniture d’énergie sont des monopoles d’Etat. Depuis leur création et malgré des fonds investis, la SNDE et la SNE peinent à fournir des services de qualité à une population qui navigue au quotidien entre coupures d’eau et coupures d’électricité. Or, nous avons sur notre territoire, l’un des fleuves les plus puissants au monde. En plus, des pénuries d’eau d ns nos villes, il faut ajouter la mauvaise qualité de l’air et les mauvaises conditions de santé et d’hygiène de la population.
Et si on s’arrête sur les bases de la vie du citoyen, il s’agirait de vivre dans un environnement moins bruyant, sain, voyager dans des transports moins polluants, confortables, boire une eau de qualité et respirer l’air pur, avoir un emploi, etc., Il y a des attentes, donc des besoins, des opportunités à saisir dans un secteur qui ne demande qu’à se développer. L’enjeu est vital pour le Congo. Des pays, comme la France ont fait le choix d’investir dans l’économie verte : traitement des déchets, des eaux usées, gestion des espaces verts et des milieux naturels, transports moins polluants, etc. Il faut plus qu’un forum pour en parler, découvrir ce qui se fait ici et ailleurs, prendre des initiatives, lancer des actions… Il y va de l’amélioration des conditions de vie des citoyens et de la création d’emplois… Pour un meilleur vivre soi-même, avec les autres dans un meilleur environnement, si on s’y met ensemble (pouvoirs publics, entreprises publiques et privées, associations, chercheurs, formateurs, citoyens, etc.), tout le monde y gagne. Il y a urgence pour augmenter l‘espérance de vie du congolais ! Alors, à vos marques !
Dr Théodora MIERE PELAGE
Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication
Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines (France)
Publié dans la Semaine Africaine du 23 juillet 2013