Itinéraire d’une fille de Mouléké

Je suis née à Brazzaville, Congo avec pour rêve de faire de longues études universitaires, mon père accompagnera ce souhait en me donnant l’envie de lire, d’écrire et surtout d’étudier. Je perd mon père Théodore MIERE à14 ans, ma mère se retrouve veuve à 40 ans avec 6 enfants, nous nous retrouvons dans une situation de précarité à laquelle nous survivons grâce à la détermination de ma mère et le soutien des amis de mon père.

J’obtiens mon BAC à 18 ans au moment où le Congo commence à vivre ses premiers moments d’agitation politique. Je choisis de venir vivre en France, je me retrouve ainsi étudiante, à Grenoble, loin des miens, sans soutien familial avec pour seule motivation d’avoir un Doctorat. Je suis obligée de faire des petits boulots pour survivre : ménage, garde d’enfant, serveuse dans un restaurant, soutien scolaire, pendant 8 ans.

Je touche ma première bourse congolaise, 4 ans après mon arrivée en France et elle tombera à compte goutte par la suite. Pendant la guerre civile du Congo, je passe des années sans avoir des nouvelles de ma famille!

C’est France Télécom qui me donne la possibilité d’avoir un emploi digne de ce temps, en me recrutant comme chargée de mission. Ce qui me permet de terminer mes études dans des conditions acceptables. J’obtiens ainsi mon Doctorat à l’université de Grenoble avec la mention très honorable.

Après un contrat à l’université de Nantes, je passe le concours pour être Maître de conférences et je suis classée première à l’université de Versailles et l’Université d’Amiens. Je revois ma mère dix après mon arrivée en France et mon pays 12 ans après.

Après mon 1er retour au Congo, en 2005, je suis catastrophée par l’état de mon pays, j’ai perdu des êtres chers, le pays est dans un état lamentable… Entre-temps, j’ai eu l’occasion de voyager (Egypte, Antilles, Canada), de voir et d’admirer « chez les autres »… Je reviens en France avec la détermination de me rendre plus régulièrement au Congo et surtout de contribuer à son développement.

Depuis, j’ai demandé à l’Université de Versailles pouvoir poursuivre cet engagement en mettant en place un partenariat institutionnel avec le Congo, dans le cadre d’un projet à caractère pédagogique et scientifique. Ce qui me permet de travailler pour les deux pays qui sont désormais les miens.

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